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amis qu’il était en bonne santé et qu’il se sentait capable de travailler tout comme eux.

Les persécutions continuelles de l’Ostendais avaient opéré peu à peu un changement défavorable dans la folie du baron. Il ne rêvait plus d’un château qu’on bâtissait pour lui ; son idée fixe lui faisait croire qu’il était la victime d’une cruelle tyrannie. D’abord il avait menacé le matelot de sa propre vengeance et de la vindicte des lois françaises ; mais maintenant tout son courage était tombé, et il continuait à travailler dans un morne silence ou en parlant de la mort avec un mystérieux enthousiasme.

Quant à Donat, il était toujours de bonne humeur ; il travaillait avec entrain, égayait ses camarades par ses saillies grotesques, et parlait sans cesse de son château, de son Anneken et de sa baronnie.

Ils ne tardèrent pas à s’apercevoir que Pardoes s’était trompé dans son espoir lorsqu’il avait calculé que l’endiguement pourrait être terminé en douze jours, car ils travaillaient déjà depuis dix