Page:Conscience - Le Chemin de la fortune.djvu/173

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

milieu de la rivière, au moyen de troncs de cèdres qui leur servaient de leviers et de rouleaux.

Elle défiait, inébranlable comme les rochers mêmes, le torrent furieux, et servait de boulevard à la plus grande partie de la digue qui devait encore être élevée autour d’elle.

À ce travail d’esclave que les chercheurs d’or s’étaient imposé et qu’ils exécutaient avec une ardeur merveilleuse, des nègres africains mêmes auraient succombé en peu de jours ; mais la soif de l’or les frappait d’aveuglement et leur donnait la force d’étouffer la voix de leur corps qui demandait du repos.

Comme ils étaient obligés de marcher par moments dans l’eau glaciale de la rivière, ils avaient la plupart du temps les pieds gelés, tandis que leurs têtes brûlaient comme si leurs cerveaux étaient en feu.

Victor Roozeman ne paraissait pas bien portant ; depuis sa descente dans le puits, son visage avait gardé une pâleur extrême, et il avait sensiblement maigri en huit jours. Cependant, il assura à ses