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Jean Creps était très-aigri, et il serait assurément resté dans ces mauvaises dispositions, si Roozeman ne l’avait convaincu qu’il était tout à fait guéri et qu’il sentait circuler dans tous ses membres une chaleur douce et agréable. Il se calma enfin et promit d’attendre encore le résultat de leur travail avant de parler de départ.

Sur ces entrefaites, le baron s’éveilla, se redressa et s’assit sur ses couvertures. Les Flamands lui demandèrent avec intérêt comment il se trouvait, et lui adressèrent des paroles amicales pour le consoler et lui inspirer du courage. Mais le pauvre baron semblait ne pas les connaître ni les comprendre. Il se croyait à Paris, dans une demeure somptueuse, entouré de domestiques et de serviteurs ; il donnait des ordres pour un dîner princier, nommait les mets rares et les vins fins ; puis il assistait à une fête brillante, à une course de chevaux, à une partie de jeu ou à une orgie, et il se vantait de ses succès près des dames les plus nobles, de l’éclat de son nom et de la toute-puissance que lui assurait la possession de monceaux d’or.