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et dormant côte à côte, sur un pied d’égalité et d’amitié, avec un homme ignoble, qui n’avait de l’homme que le nom. Oseraient-ils lever la tête s’ils retournaient jamais en Europe ? Le souvenir d’un pareil abaissement ne leur ôterait-il pas, avec la fierté du cœur, tout sentiment de leur dignité ? Ainsi, pour cet or maudit, ils auraient tout sacrifié, vertu, courage et santé !

À la fin de ce discours emporté, Creps conclut qu’ils devaient quitter au plus tôt cet endroit, avant que des malheurs ou des maladies imprévues rendissent quelques-uns de leurs compagnons incapables de retourner à San-Francisco. Mais Victor ni Donat ne voulurent entendre parler d’une semblable proposition, ils rappelèrent à leurs amis qu’ils avaient atteint le but de leur pénible voyage, que leur bonheur et celui de tous ceux qui leur étaient chers allaient se réaliser. Ce n’était pas au moment décisif, lorsque quelques jours de patience et de courage pouvaient les mettre en possession des trésors rêvés, qu’ils iraient rendre inutiles tous les maux soufferts.