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Enfin, il éclata an paroles passionnées et voulut faire comprendre à ses camarades que la soif de l’or avait fait d’eux des fous stupides et inhumains. C’était, à ses yeux, une folie téméraire d’avoir quitté sa belle patrie et dit adieu à ses parents et à ses amis, pour venir sacrifier, dans des pays étrangers, sa santé, son salut et sa vie en échange d’un peu d’or. Qu’avaient-ils trouvé au bout de tant de périls, maintenant qu’ils avaient réellement atteint un riche Eldorado ? Un puits dont on ne pouvait extraire l’or qu’en l’arrachant à la mort même ; un abîme qui exigeait dix ans de la vie d’un homme en échange de chaque poignée d’or. Et cette liberté, dont la perspective les avait poussés à entreprendre ce voyage, qu’était-elle ? Le règne de la cupidité, de la grossièreté, de l’insolence ; le droit illimité de la violence ; la sauvagerie, l’abrutissement de la nature humaine ; car ils n’avaient qu’à se regarder pour se dire que la créature la plus malpropre de la terre ne pourrait être aussi sale qu’eux, fouillant dans la boue, rongés par la vermine la plus dégoûtante, vivant