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il apporta au moins deux livres et demie de pépites. Tous deux coururent cependant vers le feu en claquant des dents et en frissonnant violemment, de sorte que Roozeman et le baron restèrent seuls près du puits.

Le gentilhomme semblait singulièrement ému, pendant que Victor lui liait le lasso sous les bras ; il tremblait visiblement.

— Allons, baron, ne craignez rien. Il doit faire horriblement froid là-dedans ; mais ce n’est qu’un moment désagréable, je vous remonterai le plus vite possible. Le baron fit un pas en arrière, et murmura avec anxiété :

— J’ai peur, je ne sais pas nager ; ce puits me fait l’effet de la gueule béante du néant.

— Il faut bien respirer d’avance, s’emplir d’air la poitrine, et puis tenir la bouche fermée. Il n’y a pas de danger, ayez bon courage.

— Courage ?… répéta le gentilhomme. Avant-hier encore, j’eusse vu approcher la mort avec plaisir. Maintenant que le sort me rend la fortune