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Ils cherchèrent premièrement une crevasse pour y cacher leur or, et trouvèrent bientôt une place favorable, à trente pas environ de leur tente ; c’était une fente transversale bous un bloc de rocher, à peine assez large pour y passer la main, mais qui allait en s’élargissant, et si profonde, qu’on ne pouvait toucher le fond sans y plonger le bras jusqu’au coude.

Le Bruxellois jeta tout l’or dans ce trou, rappela la loi adoptée, se dirigea ensuite vers le puits, et, après avoir un moment regardé dans l’eau, il dit à ses compagnons :

— Le rêve qui m’a agité cette nuit et qui a troublé mon sommeil est la vérité ! Réfléchissez avec moi, mes amis. L’eau qui descend de cette gigantesque montagne descelle dans sa course les pierres aurifères, les brise et les écrase dans l’abîme grondant pendant la saison des pluies ; la violence des eaux furieuses fait qu’une partie de cet or est rejeté par l’abîme et roule jusqu’ici. Nous le verrions se répandre en grande quantité dans le lit de la rivière si ce trou ne l’arrêtait et ne l’engloutissait