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Les yeux du baron étincelaient ; il paraissait très-surexcité, quoiqu’il n’eût jusqu’alors parlé qu’à lui-même ; mais tout à coup il prit Pardoes par les mains, et dit d’une voix qui tremblait d’émotion :

— Mes amis, vous ne me connaissez pas. Je porte un nom qui brille dans l’histoire de ma patrie. Saluez en moi l’héritier de l’illustre maison d’Alteroche ! Je ne vous ai pas dit qui j’étais parce que je me croyais coupable envers mes ancêtres. Ils me laissèrent une grande fortune ; j’étais beau, instruit et fort ; tous les dons du corps et de l’esprit m’étaient échus en partage. Aucun de mes souhaits, aucun de mes désirs ne devait rester inaccompli. J’ai vécu dans un tourbillon de luxe, de délices et de grandeurs, jusqu’à l’heure où la ruine, l’épuisement et le dégoût me jetèrent dans un abîme d’impuissance et d’abaissement. Je croyais mon nom déshonoré, mon esprit désenchanté, mon corps énervé. Ah ! ah ! ce n’est pas vrai ! ce n’est pas vrai ! Je sens encore couler un sang jeune et fort dans mes veines, la