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la muraille de rocher gigantesque, et frappait ses mains l’une contre l’autre avec admiration.

Enfin, il prit la marmite et voulut marcher directement vers le ruisseau ; mais il alla tout rêveur du côté de la cascade dont le bruit paraissait l’attirer. Il arriva ainsi à un endroit où la montagne s’avançait obliquement dans le lit de la rivière et le forçait de faire un détour. L’eau battait avec violence contre cet obstacle et le tournait avec la rapidité d’un éclair. À l’extrémité de ce roc obliquement incliné, le courant furieux avait creusé an gouffre.

C’est dans ce large trou que Donat voulut enfoncer sa marmite… Mais tout à coup un cri perçant lui échappa et il se pencha au-dessus du trou, immobile et comme pétrifié, la marmite à la main. Il tremblait, il respirait péniblement, ses jambes vacillaient sous lui ; et cependant son visage, quoique très-pâle, était illuminé d’un sourire aussi joyeux que s’il eût vu s’ouvrir le ciel devant ses yeux. Ses lèvres remuaient, mais aucun son ne sortait de sa bouche : l’émotion lui avait ôté le mouvement et la parole.