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rêver ; mais alors, il s’arrêta et laissa errer son regard étonné sur le spectacle grandiose et admirable qui l’entourait.

L’endroit où il se trouvait était nue étroite vallée, pareille à un bassin entouré de tous côtés de murailles de rocher de plusieurs mille pieds de hauteur, fracassées, minées, écroulées comme un escalier escarpé montant vers la plaine, d’où ils étaient descendus la veille avec tant de peines. Dans les anfractuosités de ces rochers poussaient des arbres de toute espèce, des sapins, des cèdres, des cyprès dont la verdure sombre grimpait sur la montagne en lignes onduleuses pour se grouper en bois dans la plaine, puis se disperser de nouveau et rejoindre, par de capricieux détours, le bord supérieur du précipice. Au fond du ravin coulait un large ruisseau ou plutôt une petite rivière sur un lit de pierres rocheuses qui formait dans sa course rapide, des milliers de petits bouillons écumants et roulant les uns derrière les autres, pareils à de petits flocons d’une neige argentée.