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plaisir cruel à adresser des paroles moqueuses au gentilhomme. Celui-ci n’avait encore répondu à ces railleries que par un regard de mépris ; mais quand le matelot lui cria en riant :

— Eh ! baron, tu cours la tête penchée vers la terre. Il n’y a pas ici de dames qui aient perdu des épingles. Tu vois bien que les nobles ne valent pas grand’chose ; une paire de larges pieds de vilain te servirait mieux en ce moment. Ne le crois-tu pas ?

Le gentilhomme pâlit soudain, jeta son havresac, prit son revolver et s’écria en frémissant :

— Arrêtez, messieurs, je le veux !

— Eh bien ! eh bien ! qu’arrive-t-il ? que voulez-vous faire ? bégayèrent les autres, stupéfaits.

— Cet homme grossier se moque de mes souffrances ; il croit qu’un gentilhomme, même dans la position où je me trouve, se laisse insulter impunément ? Cela n’est pas vrai ! Je pourrais le tuer d’une balle ; pour cela, je n’aurais à faire qu’un mouvement du doigt ; mais je recule devant un meurtre… Je le défie ; il se battra en duel avec moi ! Un de