et glorieuses tremblaient légèrement, comme si son souffle eût, pour un instant, rappelé à la vie ce somptueux objet de ses rêves.
– « L’ouvrage », reprit-il brusquement avec son accent habituel de douceur enjouée, « l’ouvrage est en bonne voie ; je viens de décrire ce rare spécimen… Oui ! Mais quelles bonnes nouvelles apportez-vous ? »
– « À dire vrai, Stein », répondis-je avec un effort qui me surprit moi-même, « je suis venu pour vous décrire un spécimen, moi aussi… »
– « Un papillon ? » demanda-t-il, avec une vivacité incrédule et joyeuse.
– « Non, rien d’aussi parfait », répondis-je, en me sentant soudain accablé par un monde de doutes… « Un homme… »
– « Ach so ! » murmura-t-il, et le visage souriant qu’il tournait vers moi se fit grave tout à coup. Il me regarda un instant, puis déclara lentement : « Eh bien, je suis un homme aussi ! »
« Le voilà bien tout entier ; il savait se montrer si généreusement encourageant, qu’un homme scrupuleux hésitait, au moment de la confidence ; mon hésitation fut pourtant de courte durée.
« Il m’écoutait, les jambes croisées ; de temps en temps son visage disparaissait complètement dans une explosion de fumée, et un grognement sympathique sortait du nuage. Lorsque j’eus achevé mon récit, il décroisa les jambes, posa sa pipe, se pencha gravement vers moi, les coudes sur les bras de son fauteuil, les doigts joints :
– « Je comprends très bien ; c’est un romanesque ! »
« Il avait trouvé, du premier coup, et je restai d’abord stupéfait de la sûreté de son diagnostic ; notre conversation ressemblait fort, en effet, à une consultation médicale : Stein faisait si bien figure de savant, dans son fauteuil et à sa table, et moi, de mon siège, je levais sur lui un regard si empreint d’anxiété, qu’il eût paru tout naturel de demander :
– « Que faut-il faire ? »
« Il leva un long index.
– « Il n’y a qu’un remède. Une seule chose peut nous guérir de nous-mêmes. » L’index retomba sur le bureau avec un claquement sec. Le cas dont il m’avait montré la simplicité