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nous échangeâmes quelques réflexions apparemment innocentes, et tout à coup, sans que je puisse me rappeler comment la chose se fit, nous nagions en plein dans l’histoire, et il me disait combien ils avaient été « intrigués par ce cadavre ». Il était, paraît-il, un des officiers désignés pour monter à bord du Patna.

« Dans l’établissement où nous nous trouvions, on servait toutes sortes de boissons exotiques, à l’usage des officiers marins de passage ; mon compagnon prenait, de temps en temps, une gorgée de la drogue noirâtre, à aspect pharmaceutique, qui n’était sans doute pas plus redoutable qu’un modeste cassis à l’eau ; il gardait un œil sur son verre et hochait doucement la tête. – « Impossible de comprendre, vous concevez », m’expliquait-il, avec un singulier mélange de détachement et de réflexion. Et je n’avais pas de peine à me représenter, en effet, cette impossibilité de comprendre. Aucun des marins de la canonnière ne possédait assez d’anglais pour débrouiller l’histoire bredouillée par le serang. On menait grand tapage aussi, autour des deux officiers. – « Ils se pressaient contre nous ; il y avait un cercle autour de ce mort », poursuivait-il. « Il fallait voir au plus pressé ; ces gens-là commençaient à s’agiter. Parbleu ! une foule pareille, voyez-vous ! » murmurait-il, avec une indulgence philosophique. Pour ce qui est de la cloison, il avait averti son chef que le plus sûr était de la laisser tranquille, tant elle avait vilaine mine. On installa en toute hâte deux haussières, et l’on prit le Patna en remorque, en le tirant par l’arrière, ce qui n’était pas absurde, en l’occurrence, puisque le gouvernail sortait trop de l’eau pour pouvoir servir à grand-chose, et que cette manœuvre soulageait la cloison, dont l’état, m’expliquait l’officier avec une volubilité placide, « exigeait les plus grands ménagements. » Je ne pus m’empêcher de penser que mon interlocuteur avait dû formuler son avis sur toutes ces dispositions ; on le sentait bon officier, malgré une activité ralentie, et il faisait bien figure de marin bien que, avec ses gros doigts noués sur le ventre, il rappelât un de ces paisibles prêtres de campagne au nez barbouillé de tabac, dont les oreilles ont accueilli l’aveu des péchés, des souffrances, des remords de générations de paysans, et dont le visage porte une expression simple et calme, comme un voile jeté