fleurs s’étendent entre les maisons de la Riviera di Chiaja et les eaux de la baie. Des allées d’arbres plus ou moins parallèles s’étendent sur toute sa longueur, qui est considérable. Du côté de la Chiaja, des tramways électriques courent tout près des grilles. Entre le jardin et la mer s’allonge l’élégante promenade, route large bordée d’un parapet bas, sous lequel la Méditerranée déferle avec des murmures assoupis, quand le temps est doux.
La vie nocturne se poursuit tard à Naples, et la large promenade était sillonnée d’un brillant essaim de lanternes de voitures, qui avançaient par paires, les unes doucement, les autres très vite, sous la ligne mince et immobile des lampes électriques qui dessinent le rivage. Un autre essaim brillant, un essaim d’étoiles, surplombait ce coin de terre bourdonnant de voix, encombré de maisons, étincelant de lumières, et dominait, au loin, les ombres plates de la mer silencieuse.
Les jardins eux-mêmes sont assez faiblement éclairés. Notre ami s’avançait dans l’ombre tiède, les yeux fixés sur une bande de lumière lointaine qui s’étendait sur presque toute la largeur de la Villa, comme si l’air eût brillé là de sa propre lumière, dans un froid éblouissement. Derrière les troncs noirs et les masses sombres, cet endroit magique laissait échapper des lambeaux de douces mélodies, coupées de bruyants éclats de cuivre, de brusques fracas métalliques, et de coups sourds et vibrants.
A mesure que le Comte s’avançait, tous ces bruits se fondaient en une savante mélodie dont les phrases harmonieuses et suaves dominaient un tumulte étouffé de voix et le vacarme des pas sur le gravier de la clairière. Une foule énorme, plongée dans un bain de fluide rayonnant et subtil, que les globes lumineux déversaient sur elle, se pressait par groupes autour de la musique. Des centaines d’autres auditeurs, assis sur des chaises, en