Page:Conrad - Gaspar Ruiz, trad. Néel.djvu/278

Cette page a été validée par deux contributeurs.

IL CONTE

« Vedi Napoli e poi mori. »


C’est au Musée National de Naples que nous liâmes conversation pour la première fois, dans les salles du rez-de-chaussée où se trouvent les fameuses collections des bronzes d’Herculanum et de Pompéi, merveilleux legs de l’art antique dont la furie catastrophique d’un volcan nous a conservé la délicate perfection.

C’est lui qui m’adressa la parole, par-dessus le célèbre Hermès au repos que nous regardions chacun de notre côté. Il me dit, sur ce morceau parfaitement admirable, des paroles justes. Rien de profond. Son goût était plus naturel que cultivé. Il avait évidemment vu dans sa vie bien des choses belles, et savait les apprécier sans user du jargon du dilettante ou du connaisseur. Race détestable. Il parlait en homme du monde intelligent, sans aucune pose.

Nous nous connaissions de vue depuis quelques jours. Dans l’hôtel, bon, sans rien d’extraordinairement « dernier cri », où nous logions tous les deux, je l’avais vu traverser le vestibule pour entrer ou sortir. Il m’avait fait l’effet d’un client connu et honoré. Le salut de