s’ajoutait l’octroi d’un congé de convalescence illimité. L’opinion défavorable nourrie sur son compte par les cercles bonapartistes ne reposait sur rien de plus solide que les affirmations sans fondement du général Féraud, et fut pourtant cause du maintien de d’Hubert sur la liste d’activité. Quant au général Féraud, son grade lui fut également confirmé. C’est plus qu’il n’osait espérer, mais le maréchal Soult, alors ministre de la Guerre de la Restauration, tenait en faveur les officiers qui avaient servi en Espagne. Seulement, la protection même du maréchal ne put le faire maintenir en activité. Il resta irréconciliable, oisif, sinistre. Il cherchait, dans des restaurants obscurs, la société d’autres demi-soldes, qui gardaient sur leurs poitrines de vieilles cocardes tricolores ternies mais glorieuses, et boutonnaient avec des boutons aux aigles interdits, leurs uniformes fripés, en se déclarant trop pauvres pour supporter les frais du changement imposé.
Le triomphal retour de l’Ile d’Elbe, fait historique aussi merveilleux et aussi incroyable que les exploits de quelque demi-dieu de la mythologie, trouva le général d’Hubert toujours hors d’état de monter à cheval. Il ne marchait encore qu’avec difficulté. Ces incapacités que madame Léonie tenait pour providentielles, l’aidèrent à retenir son frère loin de tout. Pourtant elle remarqua avec terreur que son état d’esprit à l’époque, était loin d’être satisfaisant. Cet officier général, encore menacé de la perte d’un membre, fut trouvé un soir dans les écuries du château par un domestique qui, voyant une lumière, avait semé l’alarme. Sa béquille jetée dans la litière d’un box, d’Hubert sautillait sur une jambe autour d’un cheval apeuré qu’il s’efforçait de seller. Tels étaient les effets du charme impérial sur un tempérament calme et un esprit pondéré. En proie, sous la lueur des lanternes, aux pleurs, aux prières, aux indignations, aux remontrances et aux reproches de sa famille, il se