Page:Conrad - Gaspar Ruiz, trad. Néel.djvu/185

Cette page n’a pas encore été corrigée

reconnaissance, pour avoir pris la peine de venir me relancer dans le salon d’une dame qui...

— Franchement, je le crois, interrompit d’Hubert avec un rire ingénu. J’ai eu une peine de tous les diables à vous dénicher. Vous n’auriez pas pu trouver de meilleur endroit pour passer votre temps dans les circonstances actuelles. Si le général vous avait trouvé faisant les yeux doux à la déesse du temple... oh, mon Dieu ! Il a horreur de recevoir des plaintes contre ses officiers, vous le savez. Et votre attitude aurait pu lui faire l’effet d’une véritable bravade.

Les deux jeunes gens étaient arrivés devant le logis de Féraud. Celui-ci se tourna vers son compagnon :

— Lieutenant d’Hubert, fit-il, j’ai à vous dire quelque chose qui ne peut pas très bien se dire dans la rue. Vous ne refuserez pas d’entrer.

La jolie servante avait ouvert la porte. Féraud passa brusquement devant elle, et elle leva des yeux alarmés et interrogateurs sur le lieutenant d’Hubert qui se contenta de hausser légèrement les épaules, et suivit l’autre avec une répugnance marquée.

Dans sa chambre, Féraud dégrafa son nouveau dolman qu’il lança sur le lit, et croisant les bras sur sa poitrine, se tourna vers l’autre hussard :

— Me croyez-vous homme à céder comme un pleutre à l’injustice ? demanda-t-il d’une voix furieuse.

— Oh ! soyez raisonnable ! fit doucement d’Hubert.

— Raisonnable ! je le suis ; parfaitement raisonnable ! riposta le Méridional qui avait peine à se contenir. Je ne puis pas demander compte au général de sa conduite, mais vous allez me répondre de la vôtre.

— Je ne saurais écouter de pareilles sornettes, murmura d’Hubert avec une grimace un peu méprisante.

— Vous appelez cela des sornettes ? La chose me paraît pourtant bien claire. A moins que vous ne compreniez pas le français ?