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ser. Il s’était joint au parti de l’indépendance de la façon la plus raisonnable et la plus naturelle. Une bande de patriotes, surgie un matin, de bonne heure, autour du rancho paternel, avait, en un clin d’œil, abattu les chiens de garde et coupé les jarrets des vaches grasses aux cris de Viva la Libertad ! Leur officier avait péroré avec enthousiasme et éloquence sur la liberté, après un bon somme réparateur. Quand ils étaient partis, au soir, en emmenant quelques-uns des meilleurs chevaux de Ruiz le père, pour remplacer leurs bêtes boiteuses, Gaspar les avait accompagnés, pour répondre à l’invitation pressante de l’officier.

Peu après, un détachement de troupes royalistes, accouru pour pacifier le district, brûla la ferme, emmena ce qui restait de chevaux et de bétail, et ayant ainsi dépouillé les vieux de tous leurs biens terrestres, les laissa assis sous un arbuste, pour jouir de l’inestimable faveur de la vie.