supplier Dieu de lui envoyer un outil quelconque, quand soudain il se dit : la hache. Dans la plupart des navires, il y a une hache de réserve, en cas de besoin, dans la chambre du capitaine, dans une caisse ou une autre. Il se remet sur pied… Nuit noire. Il pousse un tiroir pour trouver des allumettes et tâtonnant à cet effet, la première chose sur laquelle il tombe : le revolver du capitaine Harry. Chargé. Le voilà rassuré. Il peut tirer sur la serrure pour la mettre en miettes. Sauvé : c’est la Providence. Il y a aussi des boîtes d’allumettes. « Je peux donc voir ce qui se passe par ici. « Il gratte une allumette et voit le petit sac de toile au fond du tiroir, se rend compte immédiatement de ce que c’est, le fourre vivement dans sa poche. « Ah, se dit-il, voilà qui réclame davantage de lumière. » Il jette un tas de papier par terre, y met le feu et commence des investigations pour trouver quelque chose de valeur. Voyez-vous cela ? Il a dit à ce pasteur de l’East End que le diable l’avait tenté… D’abord la miséricorde de Dieu, puis, après, l’œuvre du diable. Chacun son tour.
Tout vaurien qui se tortille peut en dire autant. Il était tellement absorbé dans ses tiroirs que la première chose qu’il entendit fut ce cri : « Grands Dieux ! » Il lève la tête, la porte était ouverte (Cloete avait laissé la clef dans la serrure et le capitaine Harry debout au dessus de lui en plein dans la lumière des papiers enflammés. Les yeux lui sortaient de la tête. « En train de voler, tonna le capitaine. Un marin. Un officier. Non ! Un misérable comme vous ne mérite rien d’autre que de rester à couler ici. »
Ce Stafford, à son lit de mort, dit au pasteur qu’à ces mots il se sentit devenir fou de nouveau. Il arracha du tiroir sa main qui tenait le revolver et fit feu sans viser. Le capitaine Harry tomba raide, avec un bruit comme celui d’une pierre, sur le tas de papiers en feu et en éteignant les flammes. Obscurité complète. Pas le moindre bruit. Il écouta un moment, puis jeta le revolver et grimpa sur le pont comme un fou.
Le vieux frappa la table de son poing lourd.
— Cela me fait mal au cœur d’entendre ces idiots de mariniers raconter aux gens que le capitaine s’est suicidé. Peuh ! le capitaine Harry était un homme en état de regarder en face son Créateur, n’importe quand là-haut, et ici-bas aussi. Il n’était pas de ceux qui se dérobent à la vie. Certes non. C’était un brave homme de la tête aux pieds. C’est lui qui m’a fait faire ma première affaire comme arrimeur trois jours seulement après mon mariage. »