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PRÉFACE.


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rès de cent ans avant Joinville, un rude chevalier, né comme lui eu Champagne, comme lui aussi plus habitué à manier l’épée que la plume, se hasardait à écrire en vieux français un récit historique qui devait immortaliser son nom. Il n’avait assurément sous les yeux aucun modèle qu’il pût imiter, aucun essai qui pût lui donner l’idée d’une telle entreprise. C’est par circonstance et comme par hasard que Geoffroi de Ville-Hardouin se sentit appelé, ainsi que Joinville, à devenir l’historien des grands événements auxquels il avait pris part. Avant de bien dire, ils avaient l’un et l’autre commencé par bien faire : voilà pourquoi leurs coups d’essai furent des coups de maître ; là est la source de leur inspiration, et de la vie qui anime leurs récits. Bien des livres vieillissent et meurent du vivant de leurs auteurs ; ceux-là ont traversé des siècles en conservant, sous la rude écorce de leur vieux langage, un fonds inépuisable de jeunesse et d’originalité.

Si la réputation de Ville-Hardouin égale celle de Joinville, sa