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NOTICE


commune de tous les autres, une branche principale sortie directement de cette souche commune ; mais les trois dernières familles ne sont et ne peuvent être que des rameaux secondaires de cette branche. Au contraire, le manuscrit A représente à lui seul une autre branche principale, où la sève de la souche commune circule en même quantité que dans l’ensemble des rameaux secondaires appartenant aux trois autres familles.

Le manuscrit A est donc supérieur aux autres, d’abord parce qu’il a seul échappé aux altérations produites par des retranchements volontaires et l’emploi des synonymes, ensuite parce que, représentant à lui seul une branche principale, il a une importance égale à celle de tous les rameaux secondaires sortis de l’autre branche. Il en résulte que l’autorité du manuscrit A doit être prépondérante, quand les règles ordinaires de la critique ne suffisent pas à décider si un passage a été abrégé ou allongé, si une construction a été remaniée, une expression changée. C’est précisément parce que les questions douteuses se représentent souvent qu’il importe de bien déterminer la valeur de chaque manuscrit, afin de pouvoir faire comme les bons juges, qui pèsent les témoignages au lieu de les compter.

Telle est la règle générale que j’ai suivie dans cette édition : mais, ne pouvant me flatter d’avoir toujours bien discerné les passages douteux de ceux qui ne le sont pas, j’ai voulu soumettre au contrôle du lecteur toutes les leçons qu’il lui importait réellement de connaître. S’il prend la peine de consulter les notes, il lui sera toujours possible de vérifier quels sont les passages qui ont été tirés des manuscrits secondaires, soit pour combler les lacunes du manuscrit j4, soit pour en corriger les mauvaises leçons ; quelles sont aussi les variantes de quelque valeur que je n’ai pas cru devoir insérer dans le texte de la première famille, de peur d’en altérer la sincérité.

Pour ne pas encombrer le bas des pages, je me suis généralement abstenu de signaler dans les notes celles des variantes qui offrent de simples différences d’orthographe, et j’y ai cité, comme appartenant à plusieurs manuscrits, toute leçon qui étant la même pour le fond, ne se distingue dans ces manuscrits que par la forme. Ces détails purement orthographiques ont trouvé place au besoin dans le vocabulaire. Là sont relevées entre parenthèses celles des leçons du manuscrit.4, que j’ai abandonnées comme incorrectes : là aussi, à plus forte raison, sont reproduites jusque dans leurs variétés celles qui ne violent aucune règle essentielle de l’ancien