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SUR LA PRÉSENTE EDITION.

Dom Brial a connu les manuscrits A, B et C, il a pris le premier pour base de son édition. M. Paris a connu en outre les manuscrits D et F, qu’il a jugés préférables aux trois autres : c’est le dernier surtout qu’il regardait « comme la copie exacte d’une bonne leçon contemporaine de l’historien champenois « . M. Buchon enfin s’est attaché à reproduire le manuscrit C, mais en ajoutant à son édition, sous forme d’appendice, le texte du manuscrit D. Le manuscrit E leur était inconnu.

Avant d’indiquer la valeur relative de ces différents manuscrits, telle que j’ai pu la déterminer après l’examen dont je viens de parler, j’ai besoin de rappeler que Du Gange a connu seulement le manuscrit A, et qu’il l’a employé d’une manière accessoire, se contentant d’en inscrire les variantes sur les marges de son édition. Du reste, il était peu nécessaire qu’il agît autrement, parce qu’il s’est attaché à reproduire la seconde édition de Ville-Hardouin, donnée à Lyon en 1601, édition qu’il estime avoir été faite d’après ce même manuscrit. L’édition de Blaise Vigenère, publiée à Paris en 1585, et des notes de Pierre Pithou écrites sur un exemplaire de cette édition que possédait la bibliothèque des Jésuites du collège de Clermont à Paris, fournirent aussi à Du Gange des variantes qui lui permirent d’améliorer, dans une certaine mesure, le texte de l’édition de Lyon. Toutefois, de la combinaison attentive et judicieuse de ces éléments, il ne résulta que des modifications de peu d’importance, et le récit de Ville-Hardouin resta, dans l’édition d’ailleurs si précieuse de Du Gange, tel à peu près qu’on avait pu le lire dans celle de Lyon. La raison en est que la collation du docte éditeur porta sur des textes dérivant de la même source que le manuscrit A.

Quel est donc ce manuscrit A ? Il renferme un texte copié par un Italien, sous le règne de Philippe de Valois, conservé longtemps à Venise, et appartenant depuis plus de deux siècles à la Bibliothèque nationale. Un autre manuscrit semblable, dont M. Paul Meyer a bien voulu collationner pour moi des passages tout à fait caractéristiques, et qu’il attribue à la même main, appartient à la bibliothèque d’Oxford. C’est l’un de ces deux manuscrits, ou un manuscrit équivalent, qui a servi de base aux éditions de 1585 et de 1601, puisque la collation du manuscrit A, due aux soins de Du Gange, n’a pas sensiblement modifié, même dans ses détails les moins importants, le texte que ces deux éditions avaient fait connaître. Je puis ajouter qu’en reprenant la même collation, j’ai acquis la certitude que ce fait ne saurait être contesté.