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NOTICE


nationale ; dom Brial en a connu trois, mais il a considéré comme tout à fait secondaire celui que Buchon a choisi depuis comme le meilleur ; M. Paris à son tour en a préféré un autre, qui était resté inconnu à dom Brial, et que Buchon a critiqué comme renfermant le plus contestable de tous les textes. En un mot, Du Gange a manqué des ressources qui lui eussent permis d’améliorer son édition, et ses trois successeurs, en recourant à de nouveaux manuscrits, n’ont pu se mettre d’accord pour déterminer celui qui renferme le véritable texte de Ville-Hardouin.

Ce n’est pas sans raison que je parle du véritable texte de Ville-Hardouin. J’ose dire qu’il est difficile de trouver un passage de quelque étendue qui se ressemble dans les trois dernières éditions, en sorte qu’au lieu d’un Ville-Hardouin nous en avons trois:celui de Du Gange amélioré par dom Brial, celui de M. Paulin Paris et celui de Buchon. Quand on examine de près ces différences, on reconnaît bien vite qu’elles ne tiennent pas au caprice des éditeurs, mais aux manuscrits qui ont servi de base à leur travail, et l’on acquiert en même temps la certitude que le texte de Ville-Hardouin est un de ceux qui ont été le moins respectés. Une orthographe transformée, des expressions changées, des phrases abrégées ou allongées, le sens quelquefois dénaturé, telles sont, outre des lacunes causées par l’inadvertance des copistes, les causes de la diversité des éditions ; tels sont en même temps les défauts que je me suis efforcé de faire disparaître ou d’atténuer.

La première difficulté que j’avais à résoudre, c’était de sortir de l’incertitude où me laissait le dissentiment des derniers éditeurs sur la valeur réelle des manuscrits. Je les ai collationnés depuis le premier mot jusqu’au dernier ; j’en ai noté toutes les différences, et j’ai comparé entre elles les fautes que j’y avais relevées. Les détails de cet examen sont consignés dans le recueil connu sous le titre de Notices et Extraits des manuscrits (t. XXIV, 2° partie, p. i) ; je me contenterai d’en faire connaître ici les résultats principaux, qui importent seuls à la plupart des lecteurs.

Les six manuscrits dont j’ai à parler appartiennent à la Bibliothèque nationale; pour abréger, je les désignerai chacun, comme c’est l’usage, par une lettre de l’alphabet, que je rapproche dans la liste suivante de leur cote actuelle, puis de leur cote ancienne placée entre parenthèses:

A, ms. IV. 4972 (ancien fonds 9644) ; D, ms. fr. 12203 (supplément 455) ;

B, ms. fr. 2137 (ancien fonds 7974) ; E, ms. fr. 24210 (Sorbonne, 397,

C, ms. fr. 12204 (supplément 207) ; F, ms. fr. 15100 (supplément 687).