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attributions de la plupart des mss. pour R. 15, 1859 et 1960, par le style pour R. 1859 et 1960 et par la versification pour R. 15.

Ordre chronologique des chansons. — Tout essai pour placer les chansons lyriques d’un trouvère dans un ordre chronologique naturel est, en raison du caractère même des chansons, plus ou moins arbitraire. Pour Conon de Béthune, nous savons qu’il a écrit ses deux chansons de croisade (IV et V) peu de temps avant la troisième croisade (1189-1193) et que la petite scène à la cour de France qu’il raconte dans la chanson III a dû avoir lieu vers 1180. Nous sommes réduits pour ses autres chansons à des hypothèses.

Admettons, pour un instant, que les chansons d’amour revêtent vraiment la vie amoureuse du poète et tâchons de les classer de ce point de vue. Dans I, Conon est encore le soupirant timide qui n’a pas osé faire l’aveu de son amour ; dans II, il dit déjà réfléchir sur la façon dont il fera sa déclaration ; la chanson III (d’environ 1180) montre que sa dame connaît son amour, bien qu’il ne le lui ait pas encore dit. Viennent ensuite les chansons de croisade IV et V, la première étant postérieure à la prise de Jérusalem en 1187 (v. 20 : Quant il fu mis ens la crois ke Turc ont) et la seconde à l'établissement de la « dîme saladine » en 1188 (v. I7 : Vous ki dismés les croisiés ; v. 27-28 : Ki sont croisiet a loier Por dismer clers et borgois et serjans). Dans les deux chansons, Conon de Béthune exprime son chagrin de devoir quitter la dame aimée. Puis viennent les chansons VI, VII, VIII et IX, dans lesquelles le poète se plaint de la trahison de sa dame : dans la première, il déclare simplement vouloir renoncer à son service d’amour; dans VII, il emploie des expressions très vives (v. I7 : Fausse, plus vaire ke pie !), en accusant sa dame de l’avoir envoyé en Palestine[1] ; dans VIII, il pense déjà à un nouvel

  1. Si cette chanson, comme il y a lieu de le supposer (v. ci-dessus, p. xxx), est composée de deux fragments appartenant à des chansons différentes, le premier doit être attribué à la première époque amoureuse de Conon.