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vendredi suivant, Jean devait le prendre et aller le vendre au marché de la ville. Ce fut pour elle comme un coup de foudre ; elle ne pouvait y croire. — Vendre mon cochon ! mon Porcinet, que j’ai élevé avec tant de soins ! répétait-elle d’un air désolé. Cela n’est pas possible. — Ton cochon ! reprit aigrement la méchante fermière, n’est-il pas l’enfant de notre truie ? Est-ce que tu ne l’as pas élevé avec le lait de nos vaches ?

C’était vrai, et Louison fondit en larmes sans rien ajouter.

Jean, qui avait toujours été assez bon pour elle, lui dit : — Console-toi, fillette. Cela vaut mieux ainsi ; si on avait gardé ta bête, tu l’aurais vu tuer sous tes yeux, tandis que c’est pour l’engraisser qu’on la vend.

Louison ne l’écoutait pas ; elle sanglotait à fendre l’âme. Elle se représentait les cris de son pauvre ami, lorsqu’on lui attacherait les jambes pour le mettre sur la charrette, les mauvais traitements qu’il recevrait, l’affreux endroit où on l’enfermerait et, à la fin, le couteau du charcutier.

Et elle ! que deviendrait-elle sans son Por-