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Jean. — Tu ne pourras jamais l’élever, cela demande plus de soins qu’un enfant. Et puis comment le nourriras-tu ?

Louison. — Je le soignerai tout comme s’il était mon enfant et je lui donnerai du lait de la vache brune, la meilleure de toutes. Je la trairai pour lui chaque fois qu’il aura soif. Oh ! Jean, mon bon Jean, je vous en prie. Je suis si malheureuse, je m’ennuie tant, toute seule dans les champs, sans avoir autre chose à faire qu’à garder les vaches !

Le valet de ferme considéra un instant la pauvre petite fille noire, maigre, à peine vêtue, qui le regardait avec de grands yeux si suppliants. Il savait qu’elle était orpheline, élevée aux frais de l’hospice, et que chez dame Catherine elle recevait souvent des coups, jamais de caresses, et pour tout salaire une assez mauvaise nourriture.

Il eut pitié d’elle, et non seulement il finit par consentir à lui abandonner le petit cochon, mais il lui donna une vieille fiole à sirop, lui montra comme elle devait y mettre du lait et adapter un chiffon au gou-