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La situation que je viens d’indiquer, s’est bien aggravée de nos jours. Le progrès moral avait été pour tous les gens actifs, subordonné au progrès matériel et intellectuel ; un pas de plus a été fait ; le progrès intellectuel a été subordonné au progrès industriel. Désormais la science elle-même n’est plus conçue que comme facilitant le développement de l’industrie ; et l’art n’est plus qu’un moyen de perfectionner les procédés de satisfaction personnelle que l’industrie enfante. Dès lors le mot progrès est devenu le simple équivalent, de développement industriel sans règles et sans limites. Pour un grand nombre d’esprits actifs, l’idéal de la civilisation consiste à se transporter rapidement, ou à pouvoir communiquer ses impressions instantanément d’un lieu à un autre. On regarde au fond comme bien-plus importante la rapidité du transport, que la qualité des cerveaux transportés, et comme plus urgent le perfectionnement du télégraphe électrique, que la nature des impressions et des sentiments qu’il transmet. En un mot, on considère comme plus nécessaire la création de nouveaux moyens, que la moralisation de leur emploi.

Cette manière de concevoir est définitivement caractérisée par la célèbre et brutale formule