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les reliait. Ces moines étaient privilégiés et exempts d’impôts. Le seigneur même leur accordait le droit de chasser sur ses terres pour abattre les cerfs et en utiliser la peau afin de couvrir leurs manuscrits; aussi, eux seuls commencèrent à posséder des bibliothèques.

Lorsque ces bibliothèques furent mises plus tard à la. disposition du public désireux de s’instruire, les livres furent communiqués, munis d’une chaîne qui les retenait à l’endroit où ils étaient rangés; c’est ce que nous appelons les livres enchaînés. Ces livres, posés tantôt à plat et tantôt debout les uns à côté des autre», étaient attachés par leurs chaînes dans des casiers dont la tablette inférieure, plus large, tenait lieu de pupitre pour y poser l’ouvrage qu’on désirait feuilleter. La chaîne, fixée en haut du second plat du volume, avait à son extrémité un anneau dans lequel était passée une tringle placée au sommet de ce casier. Cette tringle, qui retenait plusieurs manuscrits à la fois, était fixée à chaque bout du rayon. Ceci vous montre que la confiance était loin d’être illimitée.

Voici un spécimen de reliure enchaînée [1], qui renferme un manuscrit de 1471 ; elle est couverte en peau de porc parcheminée, estampée de fers à froid; on y avait ajouté des lanières avec ferrements, afin que le volume restât fermé longtemps. Ces sortes de documents deviennent de plus en plus rares à retrouver.

Lorsqu’un ouvrage était très populaire et susceptible d’être souvent consulté, on ajoutait à la reliure d’énormes cabochons de métal, qui l’isolaient et la préservaient entièrement ; en voici un exemple

  1. Recueil de traités théologiques, in-8°. Bibliothèque nationale, nour. acq. lat. 226.