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pourraient bien s’être trompés, puisque plusieurs l’ont cherchée longtemps, et que, pour en avoir toujours pris une autre pour elle, ils ne l’ont jamais connue. Et d’autres l’ayant trouvée par hasard et ne l’ayant point connue l’ont laissée échapper.

25. Il est certes de quelque conséquence de s’accoutumer de bonne heure à la connaître, afin que nous ne prenions pas le change, et que nous étant rendu ses charmes familiers, ils ne puissent dans la suite nous éblouir et nous surprendre jusqu’à nous faire oublier les autres parties de la peinture que je n’entends pas négliger à l’avantage de la couleur, mais les si bien joindre ensemble qu’elles concourent toutes trois à une même fin, et que notre école ne tombe pas dans l’erreur réciproque de Rome et de celle des Lombards où ils blâment chacune celle qu’ils ignorent. Joignons autant que nous le pourrons ces deux belles parties ensemble, et que celle qui nous manque ne nous fasse pas avoir de l’indifférence pour elle, ou pour mieux dire du mépris.

26. Pour ce qui est d’imposer aux yeux, il est certain qu’un tableau d’un dessin médiocre où les couleurs seront dans tout leur éclat et dans toute l’harmonie possible fera plus d’effet et trompera davantage nos yeux qu’un où le dessin, d’une dernière justesse, renfermera des couleurs médiocres. Et la raison de cela est que la couleur, dans la