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naisseurs et des plus habiles peintres, au lieu que la couleur, comme nous la supposons, dans toute sa justesse et toute son harmonie, charme tout le monde. C’est peu de ne plaire qu’aux ignorants c’est beaucoup de ne plaire qu’aux savants ; mais il est d’une perfection consommée de plaire à tout le monde.

23. Pour ce qui est de ceux qui se sont adonnés au dessin plutôt qu’à la couleur, laquelle ils ont, si vous voulez, négligée, je n’en suis point surpris ; le dessin a ses beautés, il a ses charmes, et vous savez que c’est un bien d’autant plus considérable qu’il coûte de temps, de soins et de veilles, et que, pour le posséder dans sa perfection, c’est un terme qui n’est pas assez long que celui de la vie. Je n’ai pas de peine a croire que ces savants peintres qui en ont fait tout le capital et qui s’y sont entièrement donnés n’y découvrissent toujours quelque chose de nouveau qui était au-dessus de leur connaissance, et que la mort les ayant encore surpris dans l’étude et dans l’avide recherche de ces nouvelles beautés, ne leur ait pas donné le temps de songer à s’acquérir l’intelligence des couleurs.

24. Peut-être aussi qu’ils n’ont négligé cette intelligence que parce qu’ils ont cru qu’elle était facile et qu’ils en seraient toujours les maîtres quand ils voudraient. Mais l’expérience nous fait voir qu’ils