Page:Conférences inédites de l'Académie royale de peinture et de sculpture.djvu/81

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le peintre veut entreprendre et consommer par le moyen de toutes les couleurs qui y seront nécessaires, et que, si l’intention du peintre a été d’en demeurer là, il s’est trompé de se proposer l’imitation de la nature, puisque les objets naturels ne sont point d’une même couleur, et que Dieu leur en a donné de différentes pour les distinguer les uns des autres ; mais l’on pourrait dire avec beaucoup plus de raison qu’en faisant son tableau d’une seule couleur, il s’est proposé l’imitation de la sculpture plutôt que celle de la nature.

21. Il y en a encore qui veulent que la fin du peintre soit seulement de plaire aux yeux et de les tromper agréablement, disant qu’un dessin juste et selon toutes les règles doit imposer aux yeux plutôt que la couleur, laquelle se trouve dans la nature même, tantôt d’une façon et tantôt d’une autre, et que plusieurs savants peintres, dont le goût est toujours bon à suivre, ont passé toute leur vie dans le dessin et n’ont fait que peu d’estime de la couleur.

22. Il est pareillement facile de répondre à cette objection car, quand même la fin de la peinture serait de plaire seulement, n’y a-t-il pas plus d’avantage de plaire à tout le monde que de ne plaire qu’à un petit nombre ? Le dessin dans toute sa justesse n’est connu que de très peu de personnes et ne flatte le goût que des plus fins con-