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n’est peintre que parce qu’il emploie des couleurs capables de séduire les yeux et d’imiter la nature. C’est où il doit tendre, et c’est enfin le but qu’il se doit proposer dans son ouvrage.

16. Que ce soit la couleur qui soit la plus capable de conduire à cette fin du peintre, laquelle nous venons d’établir, c’est, je crois, ce dont personne ne doute, et ce serait, Messieurs, abuser de votre audience que d’employer des paroles pour prouver une vérité aussi constante que celle-là.

17. Voyons seulement à éclaircir quelques difficultés que l’on pourrait m’objecter.

18. Il semble, me dira-t-on, que la fin de la peinture est de donner de la rondeur aux corps que l’on représente sur une superficie, et que cela se peut faire par le simple crayon blanc et noir.

19. On peut dire encore qu’un tableau d’une seule couleur, tels que sont les camaïeux, peut sortir de la main d’un savant peintre, lequel ne se sera proposé autre chose pour sa fin que l’imitation de la nature ; et par conséquent ce n’est pas la couleur qui contribue davantage à faire arriver le peintre au but que son art lui propose, mais plutôt le dessin.

20. Il est facile de répondre à ces deux difficultés en disant qu’un tableau d’une seule couleur ne peut passer pour un véritable ouvrage de peinture, mais seulement que c’est la pensée de l’ouvrage que