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de sa beauté et de sa perfection, et que, s’il y en a quelqu’une qui soit plus estimable et plus nécessaire qu’une autre, c’est sans doute parce qu’elle contribue davantage à nous faire arriver à la fin de l’art dont elle fait partie.

Par exemple, dans l’art d’éloquence, la fin est de persuader, et il est certain que, s’il y a quelque partie d’éloquence plus considérable qu’une autre, c’est parce qu’elle contribue davantage à persuader.

13. Or nous avons premièrement à examiner deux choses : la première, quelle est la fin que le peintre en général se doit proposer dans son ouvrage, et la deuxième, laquelle de ces deux choses, ou du dessin ou de la couleur, conduit plus directement à cette même fin que le peintre se propose.

14. Pour nous éclaircir de la première, est-ce assez de dire que la fin du peintre est d’imiter la nature ? Non, puisque tous les beaux-arts se proposent la même chose, tromper les yeux, ce n’est point encore assez car il y a beaucoup d’occasions où la sculpture pourrait le faire.

15. Qu’est-ce donc que cette fin du peintre ? C’est bien de tromper les yeux et d’imiter la nature ; mais il faut ajouter que cela se fait par le moyen des couleurs, et il n’y a que cette seule différence qui rende la fin de la peinture particulière, et qui la distingue d’avec celle des autres arts. Et un peintre