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ait le temps de se faire entendre et dire ce qu’il pense sur ce sujet.

1. Mais avant que d’entrer en matière, je vous prie, Messieurs, d’être bien persuadés que l’esprit qui m’anime dans ce discours n’est point celui de contradiction, non plus que de mépris pour le dessin. Au contraire, je l’estime justement, et comme une partie d’autant plus belle qu’elle est difficile à acquérir. Et, sans qu’il soit besoin de m’en expliquer davantage, les restes de sculpture que nous avons de l’antiquité nous en font un assez digne éloge.

2. Je n’ai donc point d’autre motif en ceci que de m’instruire si vous jugez mes raisons bonnes, ou de me désabuser si vous les trouvez mauvaises ; et je suis d’autant plus obligé d’être dans ces sentiments que ce que j’entreprends est au-dessus de mes forces, et que je ne suis qu’un jeune homme qui m’aperçois à peine de ce que c’est que la peinture, et qui tiens à grand honneur la commission que vous m’avez bien voulu donner d’ouvrir cette conférence et d’en proposer le sujet.

3. Vous savez, Messieurs, que l’on proposa dernièrement la couleur, et je vous avoue que je portais avec impatience ce qui en fut dit en présence d’un des beaux tableaux du Titien. Car cet ouvrage incomparable ne s’accordait point avec ceux qui témoignèrent toute leur indifférence pour le beau