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continuellement des réflexions nécessaires pour se former une bonne théorie.

J’ai choisi, Messieurs, pour mon sujet, parmi les tableaux du cabinet du roi, cette demi-figure de la main du Guide ; c’est une Madeleine dans sa pénitence, occupée de l’amour de Dieu et des désirs du Ciel ; son action, l’état où elle est représentée, ses cheveux épars négligemment sur ses épaules et la simplicité de sa draperie font juger facilement du mépris qu’elle fait des choses du monde.

La Nature y est d’un beau choix, d’un grand goût de dessin et d’une grande correction. Elle lève les yeux et la tête en haut, la bouche entr’ouverte, le corps un peu penché du côté droit, et les mains croisées sur le sein, lesquelles sont accompagnées de quelques tresses de cheveux qui flottent agréablement sur cette partie que la bienséance empêche en quelque façon de montrer trop à découvert, et cela est fait de manière que ce soit plutôt un effet du hasard que de la prévoyance du peintre. L’expression en est touchante au dernier point ; elle n’est ni trop exagérée, ni trop languissante ; il serait difficile de la considérer quelque temps avec attention sans être touché soi-même de l’amour tout divin dont elle paraît pénétrée.

Il semble que le Guide ait eu dans la pensée de faire ici de cette pécheresse un objet d’amour plutôt