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a eue en les faisant a été de rompre la symétrie qu’auraient faite les deux disciples à côté de Notre-Seigneur. Celle qui se voit entre le Christ et le disciple étonné semble représenter le cuisinier, lequel regarde fixement ce qui se fait comme un mystère extraordinaire où il ne comprend rien ; cette figure représente très bien un homme convenable à la qualité de la personne qu’elle exprime, et est d’un très beau goût.

Le jeune garçon qui porte un plat a un air plus noble que n’ont d’ordinaire les valets. Le Titien a apparemment peint cette tête d’après un garçon qui était hors du commun, non pas seulement des valets, mais même entre ceux qui sont en état d’en avoir à leur service[1]. Quant à son habillement, il est un peu bien fort à la mode du temps que vivait le Titien, ce qui se connaît tant par la forme que par une grosseur qui se voit au bas de la ceinture des chausses, ce qui n’est pas une mode, au regard de ce temps-ci, fort honnête ; je ne sais si, au temps de Titien, elle pouvait avoir de la convenance aux vêtements d’une histoire de la conséquence qu’est celle-ci.

Mais se peut-il voir un labeur plus surprenant (qui ne sert pourtant que d’ornement) qu’est l’ouvrage qui est dans cette nappe ouvrée, laquelle ne

  1. On lit en marge du manuscrit : Il y en a qui croient qu’elle est peinte d’après Philippe second.