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revenus à présent, et cette basse imitation émousse encore et ralentit toute la force de leur génie.

Prononcé et expliqué par M. de Champaigne, le onzième jour de juin 1672[1].
H. Testelin.


Guillet de Saint-Georges a fait de ce discours une analyse exacte, assez élégante, et à peu près aussi longue que le discours lui-même. Il l’a fait suivre du compte-rendu de la discussion qui suivit la lecture du 4 mars 1684 :

« Après la lecture de ce discours, il n’y eut personne dans l’Académie qui n’en approuvât les sentiments par des réflexions particulières. On convint que dans le commencement de toutes les disciplines, un jeune écolier, encore privé des notions dont il a besoin, est obligé de se soumettre aveuglément aux instructions et aux méthodes de son maître ; quand il possède bien les principes et qu’il a fait une étude de l’antique, il lui est important de se proposer les ouvrages de Raphaël pour l’imitation du beau naturel et pour la correction du dessin, et les ouvrages du Titien pour l’agréable union des couleurs ; ainsi des ouvrages des autres grands peintres, selon qu’ils ont excellé dans les talents particuliers. Mais après que l’écolier aura fait quelque progrès sur de si belles traces, il doit exciter son industrie naturelle, entreprendre quelque chose de lui-même, se soutenir de ses propres lumières, tenter avec hardiesse des chemins particuliers dans un pays où les timides ne feront jamais de découvertes. On ajouta qu’on ne verrait point tant d’agréables naïvetés dans les ouvrages sortis des écoles

  1. On lit sur le manuscrit : du 4 juin 1672. L’écriture est de Philippe de Champaigne, et cette date indique probablement le jour où il a composé ce discours.