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de bien raisonner une figure, la rendant correcte, ils arriveront avec bien plus de facilité à distribuer les ombres avec esprit et entente sur plusieurs ; car, comme pour faire une figure avec entente, il faut qu’il y en ait une partie ombrée, aussi une ordonnance ne peut bien réussir qu’il n’y en ait aussi une partie dans l’ombre, laquelle, outre le repos qu’elle donne à la vue, fait avancer les figures que l’on dispose sur le devant, qui ne peuvent jamais faire un effet extraordinaire sans cet agréable artifice.

Il faut beaucoup de prudence à traiter les ombres. L’on les peut bien faire fortes et séparées des jours, mais il faut éviter avec beaucoup de soin la dureté qui rend les choses désagréables ; car, quoiqu’il y ait des ombres battantes sur des corps, causées par des objets proches, il les faut néanmoins traiter d’une manière qu’elles n’empêchent ni l’agrément, ni la rondeur des corps sur lesquels elles frappent.

Il est de la prudence du peintre de traiter les ombres selon les sites différents des lieux ; car d’ombrer si fortement dans une campagne comme dans un lieu enfermé, cela ne serait pas recevable.

Pour ce qui regarde les reflets, ils doivent être forts ou faibles selon les objets éclairés qui se trouvent proches ou éloignés des corps ombrés ; et, comme il a déjà été dit plusieurs fois, l’on ne doit