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a si bien su s’en servir pour relever et distinguer tous ses ouvrages que, quoiqu’elles ne soient rien elles-mêmes (n’étant qu’un vrai néant), néanmoins cet Artisan divin s’en est si admirablement servi qu’il a fait ce rien et ce néant en soi-même comme la chose qui fait distinguer et tire de la confusion tout ce qu’il a fait, mettant un ordre agréable dans tous les objets et qui servent de repos à la vue. Car il n’y a rien de plus vrai de dire que si tous les objets étaient également éclairés, il y aurait une confusion terrible dans toutes les choses ; même sans les ombres, tout paraîtrait plat, jusques aux corps les plus ronds.

Pour venir au particulier, ce n’est pas une chose nouvelle parmi nous de dire que la distribution des ombres fait une partie très considérable dans les ordonnances. Mais comme notre divin Modèle s’en est servi pour relever ses ouvrages, il nous est aussi de la dernière importance de l’imiter sans confusion, puisque ceux d’entre nous qui ne s’y portent pas avec application restent des peintres indécis et fades.

C’est pourquoi, Messieurs, il me semble qu’on ne saurait assez porter la jeunesse, immédiatement après les principes de leurs études, à distinguer les ombres et les séparer des jours, étant une chose indispensable (pour dessiner bien des figures) à observer les ombres, ne faisant autre office avec le