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Les arbres qui sortent au-dessus de cette muraille semblent être éclairés d’un autre jour que celui qui règne dans le tableau ; mais cette faute doit être imputée au paysagiste, qui n’est pas entré avec assez de jugement dans l’intention du Maître. Et de là nous pourrons juger combien est grande la nécessité qu’un peintre n’ignore aucune des parties de son art, et qu’il faut absolument qu’elles fassent chez lui en toutes rencontres une agréable harmonie qui soit capable de contenter l’œil, de même qu’une musique bien concertée contente l’oreille.

Les figures forment ensemble un groupe très parfait et très agréable. Il n’est point percé ni entr’ouvert, afin que la vue ne soit point divertie par quelque vide ; c’est ce qui donne plus de relief aux figures, auxquelles toutes les autres parties d’un tableau doivent se rapporter et servir pour ainsi dire, et ce que Raphaël, ce grand génie, a pratiqué par excellence dans ce sujet, où tout est disposé de sorte qu’il donne et répand la première grâce et la principale douceur sur les figures de la Sainte Vierge et de son fils. On voit éclater dans le visage de la Vierge une joie amoureuse et pleine de ten-

    n’est qu’à partir du mois d’octobre 1669 que les professeurs de l’Académie furent autorisés à faire les discours d’ouverture ; le 3 septembre 1667, il avait été « résolu qu’il n’y aurait que MM. les recteurs et adjoints qui expliqueraient les beautés des tableaux du cabinet du roi. » Or Philippe de Champaigne, seul, eut le titre de recteur, charge dans laquelle lui succéda Girardon.