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C’est pourquoi, Messieurs, je me suis imaginé que M. le Poussin a voulu figurer par le mouvement des parties d’en haut du visage de cet ange la douceur et la tranquillité dont jouissent ceux qui sont dans l’état parfait de la grâce, et par les parties d’en bas le mépris et l’aversion qu’ils ont pour les choses du monde.

Si M. le Poussin n’a fait paraître qu’un bras à chacun des deux premiers anges, c’est pour faire voir que l’état de la grâce qu’ils représentent n’est pas encore dans la perfection, et si les jambes sont entrelacées l’une dans l’autre et font des mouvements contraires, c’est que le peintre s’est souvenu de ces paroles que le saint apôtre qu’il réprésente dit au chapitre v de l’Épître aux Galates : « Cheminez selon l’esprit, et vous n’accomplirez pas les désirs de la chair ; car la chair convoite contre l’esprit, et l’esprit contre la chair, et ces choses sont contraires l’une à l’autre, tellement que vous ne faites point ce que vous voulez. » Toutes lesquelles choses M. le Poussin a merveilleusement bien exprimées par les jambes qu’il a données à ces anges et les contrastes qui se trouvent en elles.

Mais parce que la perfection est dans le dernier état de la grâce, et qu’il n’y a que du repos et de la tranquillité, M. le Poussin n’a point fait voir de jambe au troisième ange qui représente cet état parfait et constant de la grâce, mais bien les deux