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ses frères : « Je souhaite d’être moi-même anathème pour mes frères. » Sa robe verte qui ne couvre que le haut de la jambe droite et le tour des bras ne figure-t-elle pas l’espérance qu’il avait de s’élever à Dieu par ses œuvres ?

L’épée qui est couchée sur un livre n’est pas là sans raison. M. le Poussin n’ignorait pas que saint Paul n’avait pas encore souffert le martyre quand il fut ravi, et par conséquent qu’il n’en pouvait pas porter des marques. Mais comme tout est mystérieux dans ce tableau, je crois que cette épée n’a été mise là que pour montrer que ce grand apôtre avait été le défenseur de l’Église, et qu’il avait soutenu le nom de Jésus-Christ aux dépens de sa vie, et qu’il avait retranché du glaive de ses écrits toutes les hérésies qui commençaient à se former dans l’Église.

L’air échauffé qui paraît autour des figures n’est pas sans mystère. Je crois qu’il est ainsi pour montrer que ceux qui veulent s’élever dans la grâce ne doivent point être tièdes, mais qu’il faut qu’ils soient ardents et échauffés pour profiter de la grâce.

Il y aurait encore bien des choses à vous faire remarquer dans ce tableau ; mais je crois que j’en ai dit assez pour vous faire connaître que les peintres ne travaillent pas seulement de la main, ni que leurs ouvrages ne sont pas faits seulement pour le plaisir des yeux, mais qu’ils peuvent encore