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génie toujours heureux et qui ne s’épuise jamais. On sait que c’est par cette partie que les bons tableaux vénitiens et flamands sont admis avec estime dans les cabinets des curieux et sont achetés très chèrement.

Après l’éloge du coloris, il semble qu’il faudrait parler de sa pratique ; mais, comme chacun a la sienne, on n’en peut rien dire de précis ni par conséquent d’utile ; au reste, quoique je me sois conformé avec regret à l’usage de ceux qui ont écrit sur la peinture et qui ont toujours évité de parler des peintres vivants, sans doute pour de bonnes raisons, n’ayant cité que les anciens, je ne puis m’empêcher d’avertir les étudiants qu’ils trouveront d’utiles instructions chez les artistes de nos jours, spécialement sur le coloris. Outre la raison tirée de leur habileté, j’y joins celle d’y trouver les principes plus clairs et plus débarrassés dans des tableaux nouvellement peints que dans les anciens, dont le temps a changé plus ou moins les teintes. De plus, pour ce qui concerne la pratique, si ceux qui les enseignent permettent qu’ils voient leurs ouvrages commencés, comment ils les ébauchent et préparent les dessous avant de finir et de donner les dernières touches, il est certain que les élèves apprendront plus en les regardant faire et en pratiquant sous leurs yeux qu’ils n’apprendraient dans tous les livres du monde.