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sont attachés avec tant de succès. L’expérience est un grand maître, et l’effet enchanteur des tableaux de ceux qui ont possédé l’intelligence du clair-obscur pouvait suffire pour exciter à l’acquérir ceux qui courent la carrière de la peinture, d’autant plus qu’il est aisé de remarquer que cette partie sert à faire valoir et à mettre dans un beau jour les autres parties de ce bel art. Dans ceux qui l’ont négligée, on aperçoit bien, à la vérité, en les regardant avec attention, de grandes beautés de détail ; mais il y a toujours dans le tout ensemble une froideur, une espèce d’insipidité qui n’invite point le spectateur à venir admirer. L’intérieur du bâtiment est beau, mais la façade ne donne pas le désir d’y entrer.

Outre tant de conséquences naturelles qu’on peut tirer de tant d’expériences réitérées en faveur du clair-obscur, on peut y joindre encore des raisons philosophiques et frappantes tirées de la nature même de l’homme, de l’analogie des sens et de l’uniformité des principes des autres parties de la peinture.

Les hommes ne peuvent penser attentivement qu’à une seule chose à la fois ; s’ils veulent penser à plusieurs, leurs idées se brouillent et se confondent. De là vient la règle établie de l’unité d’action dans les pièces de théâtre et que le peintre doit observer dans ses compositions. Les yeux du