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LE COLORIS

Les prérogatives admirables et bien fondées du dessin considéré dans la totalité des parties estimables qui le composent, jointes à son utilité reconnue et très universelle, ont prévenu justement en sa faveur toutes les personnes éclairées et savantes qui en font cas, principalement quand il est encore accompagné d’une invention ingénieuse et abondante, comme il paraît chez les grands maîtres des écoles de Florence et de Rome. On sait encore que c’est aux restes précieux de sculpture antique échappés au temps et aux Barbares, destructeurs de l’empire Romain, qu’on doit pour ainsi dire la résurrection de la peinture et de la sculpture ; et par conséquent c’est au dessin que l’honneur en est dû, puisqu’il brille dans ces chefs-d’œuvre avec tout son éclat.

C’est par le dessin et la composition que Léonard de Vinci, Michel-Ange et Raphaël se sont acquis une si grande réputation dans le monde, et c’est le dessin seul que nos premiers peintres français allaient étudier en Italie d’après ces fameux peintres. Le Poussin même, le Raphaël français, enthousiasmé des beautés de l’antique, mettait le dessin au-dessus du coloris. D’un autre côté, Vouet, qui a été le maître de tous nos habiles artistes, les a tous