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la publicité. C’est à tous ces documents que se rapporte le sixième volume de la Revue du Muséum, entièrement consacré au souvenir de l’Exposition Anthropologique du Brésil.

La première partie de ce livre, dont vous avez sous les yeux quelques exemplaires, est occupée par les investigations ethnologiques de Charles Hartt ; beaucoup d’entre elles sont entièrement inédites, mais incomplètes et, pour ce motif, inférieures à ce qu’elles auraient été si la vie précieuse de l’illustre naturaliste n’eût été interrompue en même temps que la suite de travaux si utiles.

Hartt était doué d’un profond talent d’observation et d’une perception si prompte des difficultés des études linguistiques qu’aucun auteur ne le surpassa jamais, même parmi nous, dans cette branche des sciences ethnographiques américaines. Constatons aussi que les études du regretté géologue, sur la fabrication de la poterie de nos aborigènes, sont d’une clarté et d’une précision qu’on ne saurait dépasser.

Les observations de Charles Hartt, réunies par le dévouement de son élève et remplaçant au Muséum, M. Orville Derby, se terminent par une collection de légendes mythologiques, les plus remarquables de celles que l’on connaît jusqu’à présent parmi les anciens habitants la vallée de l’Amazone.

Après ces travaux viennent les recherches de MM. Lacerda et Rodrigues Peixoto, ayant pour but l’observation cranéologique de nos indiens.

M. Lacerda compare les botocudos des sambaquis du sud avec ceux du Rio Doce et obtient des déductions qui rendent très curieuses les affinités des deux types, déjà très rapprochés entre eux, et avec l’homme dit de la « Lagôa Santa ».

M. Peixoto arrive à des conclusions plus étendues, desquelles on peut inférer qu’aucun type, parmi ceux que l’on a jusqu’à présent constatés au Brésil, ne présente les caractères essentiels d’une race complètement pure. Il semble, qu’un grand métissage se soit depuis longtemps établi au sein des populations sud-américaines ; les formes plastiques des races primordiales, facteurs de ce mélange, semblent avoir disparu dans une fusion générale.

C’est ainsi que se complique de plus en plus le problème dont le but est la caractérisation des peuples qui ont occupé cette partie du Nouveau Monde. Les travaux spéciaux de M. Rodrigues Peixoto sur cet objet occupent dans le sixième volume de nos Archives une place très importante, grâce à eux, le jeune naturaliste doit être regardé comme un investigateur consciencieux et perspicace.

Les noms de ces trois auteurs se recommandent d’eux-mêmes. Il me suffit donc de les mentionner pour qu’aussitôt vous vous sentiez pris du désir de connaître la part de chacun de ces habiles naturalistes dans la publication dont il s’agit.

L’auteur de la dernière partie du volume ne saurait attendre de semblables avantages, puisque, toute autre raison à part, son travail occupe plus de la moitié de ce volume et comprend des sujets divers et des points nombreux livrés à la controverse.

Je crains donc de ne pas obtenir facilement l’indulgence d’aucun des partis sous lesquels se rangent les anthropologistes, et en particulier de ceux qui se vouent à l’étude de l’homme américain. C’est pourquoi je suis forcé de justifier avec plus d’insistence mes idées et d’expliquer plus longuement mes apparentes contradictions. Celles-ci sont dues au soin minutieux que j’ai mis à rédiger toutes mes remarques, en les soumettant toujours à la discussion des faits observés.

Toutes les questions d’anthropologie se résument, comme vous le savez, en deux problèmes essentiels. Le premier a pour but la détermination de la genèse humaine ; le se-