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À la faveur de ces simples appels à l’esprit national d’investigation et à mes constants efforts pour attirer l’attention publique sur les innombrables trésors enfouis au sein de la terre, il me fut facile de réunir une grande quantité d’antiquités précieuses pour mes premiers essais archéologiques. C’est ainsi que j’ai procédé jusqu’en 1870, ou je vins lire dans ce même Muséum, devant la Sociedade Vellosiana, un mémoire dont la base n’était pas des plus sures, bien qu’il me parût alors l’expression la plus rapprochée de la vérité. C’est que je me sentais l’esprit éclairé par les lueurs de ce génie des premiers habitants des Andes, dont les mound-builders de l’estuaire de l’Amazone me paraissaient être les descendants probables.

Un homme d’un mérité élevé, Domingos Ferreira Penna, que je crois avoir été le premier à révéler à la science les dépôts céramiques de l’île de Marajó, avait offert au Muséum, peu auparavant, les prémices de ses fouilles, me fournissant ainsi la base de mes débuts dans les recherches archéologiques. Ces vestiges d’une civilisation si antique qu’on n’aurait jamais pu en soupçonner l’existence, étaient des vases d’un style assez correct, et d’un modèle singulier quoique ressemblant à divers égards à ceux des Quichuas. Il n’y a rien donc d’étonnant qu’au premier abord mon imagination les ait revêtus de fantaisies, qui cependant pourraient bien être la réalité. Que de fois en découvrant les imperfections de nos premiers travaux, ne voudrions-nous pas pouvoir les vouer au néant !

Heureusement, dix ans d’un travail assidu, et l’acquisition d’une expérience bien utile, vinrent corriger les incertitudes de ces premiers essais.

En 1880, mes idées se trouvaient déjà très différentes de ce qu’elles avaient été. Charles Hartt commençait à avoir dès lors dans mon esprit une justification suffisante des réserves préméditées qu’il avait montrées à l’égard des questions ethnologiques de notre continent. Mais, soit par suite du caractère même de la nature humaine, soit pour toute autre raison, il ne m’était pas possible de me soumettre entièrement à la manière de voir si restreinte de beaucoup d’ethnologistes nord-américains. Ce qui ne me le permettait pas non plus, c’étaient les innombrables documents placés sous mes yeux, demandant la raison de leurs analogies et de leurs admirables ressemblances avec des antiquités d’autres peuples primitifs, sinon du vieux monde, du moins de notre continent. Je ne pouvais pas nier ces ressemblances, car elles sautent aux yeux, et il ne m’était pas encore possible de les faire ressortir assez pour en étayer mes recherches.

Ce fut sous l’influence de ces nouvelles idées et sous la pression de ces doutes, que j’entrepris d’organiser une Exposition Anthropologique, origine des travaux de la plupart desquels j’ai l’honneur de vous entretenir ici. Malgré ce nouvel ordre de restrictions, je me hasardai à cette tâche, d’autant plus risquée qu’elle était peu en harmonie avec l’indifférence de l’esprit public dans notre pays. Une entreprise de ce genre exige le secours des individus les plus influents et l’appui général, Elle n’a été, je l’avoue, ni en proportion de l’importance d’un effort aussi utile, ni en raison de l’élévation du patriotisme de nos concitoyens.

Toutefois, vous savez tous (et je suis le dernier qui puisse le dire) ce que fut cette fête scientifique, pour la splendeur de laquelle des hommes éclairés firent de si grands efforts. Leurs noms, applaudis par la presse nationale dans des articles au sujet de ce magnifique jubilé de la science, enrichiront bientôt la partie historique du catalogue de la même Exposition.

Ce fût une tâche dont on pourra prochainement se faire une idée par les documents que nous donnerons bientôt à