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semblables à ceux-ci. Dans les tableaux exposés sous vos yeux, vous voyez reproduits bon nombre de ces signes, et, devant chacun d’eux les figures qui leur correspondent dans l’écriture idéographique ou hiéroglyphique des pays précités. Ou bien cela peut servir à de nouveaux et intéressants arguments en faveur de l’idée de l’immiscuité d’étrangers dans la période précolombienne, sur le sol américain, ou, au contraire, on peut y voir de nouvelles preuves de l’auto-évolution que soutiennent les polygénistes, et plus encore les défenseurs de l’autochtonisme américain. Ce qui est certain, c’est que de nouveaux jalons seront peut être plantés dans le champ de ces études à mesure que le matériel dont je ne donne ici qu’un léger aperçu sera mieux étudié.

Mais ces caractères symboliques tracés par les constructeurs des mounds de l’Amazone ne sont pas les seuls vestiges qu’ils aient laissés du système employé pour représenter leurs pensées et transmettre leur langage écrit. Parmi leurs antiquités, il y a un vase, insignifiant, petit plat de terre cuite, de nature vulgaire, trouvé dans le même mound de Pacoval et qui ne représente pas telle ou telle figure symbolique, mais un groupe synthétique complet, espèce de composition idéographique où l’on a voulu sans doute représenter la conquête d’un pays ou l’histoire d’une expédition.

En effet, on reconnait facilement sur ce vase l’intention qu’a eue l’artiste de représenter des forteresses, des palais, des pays habités, des déserts, des hommes, des animaux, des bateaux de l’eau, etc.

Mais qui oserait expliquer cette cryptographie ? J’en suis déjà à me repentir d’avoir hasardé quelques propositions à ce sujet dans des pages maintenant imprimés ! Les visions créées par la fantaisie de l’imagination ne m’ont-elles pas égaré ? N’ai-je pas été le jouet d’un mirage fascinateur ? Je le crains bien.

Cependant, tout me porte à croire que j’ai suivi la voie de la vérité. Il n’y a pas en douter ! L’artiste qui a dessiné les caractères que vous avez sous les yeux, dans la reproduction agrandie de ce vase, aussi bien que les hiérographes des bords du Nil, avait son plan établi ; il savait parfaitement ce qu’il allait représenter et, dans chaque objet figuré, on voit bien que ce n’est pas une production du hasard, mais le travail d’un esprit net, d’un individu habitué à cette espèce d’écriture hiéroglyphique.

Le dernier chapitre de nos investigations s’occupe des objets de pierre trouvés dans sépultures antiques dans les sambaquis de la côte et des îles et en général partout où vivaient les sauvages.

Les modèles de haches de pierre, sauf les échantillons fabriqués avec des roches plus rares, sont plus ou moins identiques à ceux qui ont été trouvés jusqu’à ce jour sur le globe entier ; on peut à peine y signaler de petites différences relatives à la façon dont s’emmanchait l’instrument.

En même temps que ces haches et aux mêmes lieux, nous trouvons d’autres outils taillés dans les roches les plus dures et partant de la plus haute valeur.

Les uns sont des pointes biconiques, employées au bout des flèches, peut-être pour la pêche dans les eaux peu profondes, ou pour la chasse à courte distance. D’autres sont des ornements pour les lèvres, nommés tembetas et encore aujourd’hui portés par les tribus de l’intérieur du Brésil.

Des sambaquis de la côte méridionale et, bien que moins souvent, des sambaquis du Nord et des antiques habitations de la vallée de l’Amazone, on a exhumé de nombreux zoolithes, lesquels par la cavité qu’ils présentent dans les flancs ou le ventre de l’animal figuré (poisson ou d’ordinaire oiseau) portent à croire qu’ils ont servi de vases pour des sacrifices ou plutôt de mortiers destinés à la préparation de substances parfumées, narcotiques ou médicamenteuses ; peut-être attribuait-on à ces vases quelque influence surnaturelle.