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lement à une fausse conception dans les principes de détermination, ainsi qu’à l’influence inamicale des Missionnaires. Le Ji-Ji déclare évident que de nombreuses réformes sont absolument nécessaires en Corée. Un autre journal insiste sur le fait que les Coréens ne sont nullement un peuple inférieur…"

Abrogation du Traité d’Annexion.

20. — Le Peuple Coréen demande que le Traité d’Annexion du 22 Août 1910 soit déclaré NUL ET NON AVENU ou autrement abrogé par la Conférence de la Paix pour les raisons qui ont été exposées dans cette pétition, et qui sont développées plus longuement dans un mémoire annexé au présent Exposé ; et plus spécialement pour les raisons suivantes :

I. — Ledit Traité d’Annexion fut conclu dans des circonstances de fraude et de coup de force qui en vicient la validité en tant que document légal et international, même en affirmant que l’Empereur de Corée d’alors avait le droit de remettre dans les mains de "S. M. l’Empereur du Japon" 15.000.000 de Coréens et un pays qui avait toujours existé comme un État nettement séparé, délimité, et souverain durant plus de 4.200 ans.

II. — La Nation et le Peuple coréens ont constamment dénié le droit à l’Empereur de Corée, alors un enfant, de disposer d’eux dans les termes dudit Traité d’Annexion. Comme hommes, et non pas comme bétail, ils estiment que leur consentement aurait dû être une condition essentielle de la validité du Traité, et ce consentement ne fut jamais donné.

III. — Le dit Traité d’Annexion fut et est une violation directe, commise par les Japonais, des garanties internationales conclues par le Gouvernement japonais avec la Corée et les autres Puissances quant à l’indépendance et à l’intégrité de la Corée[1].

IV. — Dans les différents Traités conclus entre la Corée et le Japon et d’autres Puissances, ainsi que dans ceux intervenus entre le Japon et la Chine, la Russie et la Grande-Bretagne, au sujet de la Corée, l’existence de cette dernière comme État indépendant et souverain fut — ainsi que pour tous ces traités — explicitement garantie en des termes basés sur le droit public des nations et qu’aucune Puissance — plus spécialement le Japon — ne pourrait violer sans soumettre son action à une révision éventuelle par les Puissances assemblées en un Congrès International comme la présente Conférence de la Paix.

V. — La Conférence de la Paix s’est réunie en vue d’amener un règlement dans les affaires pendantes de la communauté internationale d’après les principes exprimés dans les quatorze articles de M. le Président Wilson, et dont les principes directeurs furent nettement définis par le Président dans son Message au Congrès le 8 Janvier 1918, comme : « les principes de justice pour tous les Peuples et toutes les Nationalités ainsi que leur droit de vivre sur un pied de même égalité ou de liberté et de sauvegarde les uns et les autres, qu’ils fussent forts ou faibles ».

Comme Allié et comme État Associé dans la Guerre, le Japon a expressément souscrit aux quatorze articles avec leurs principes de justice. Attendu que ces principes de justice sont absolument violés par le Mikado, par la continuité de l’exercice de « tous les droits de souveraineté sur toute la Corée », cela sans le consentement et contre la volonté de la nation et du peuple Coréens, il est de la compétence et du droit de la Conférence de la Paix de déclarer la nullité ou d’abroger le sus-dit Traité d’Annexion.

VI. — En vertu des règles fondamentales du Droit International Public et de la nouvelle justice qui redressera les torts des Nations, le Peuple coréen justifie sa demande pour le rétablissement de la Corée en État indépendant. À moins qu’il ne soit exclu de l’ensemble des principes qui ont déjà trouvé une réalisation dans la reconstitution de la Pologne après un siècle et demi de partages, d’annexions ; et dans la désannexion de l’Alsace-Lorraine après un demi-siècle environ de domination prussienne.

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  1. Le Traité Japono-Coréen du 26 Février 1876 stipulait dans son Art. 1er : « Chosen (la Corée) étant un État indépendant jouit des mêmes droits de souveraineté que le Japon. »

    Dans le Protocole Russo-Japonais du 25 Avril 1898 on trouve à l’Art. 1er : « les Gouvernements Impériaux du Japon et de la Russie reconnaissent définitivement la souveraineté et l’entière Indépendance de la Corée, et s’engagent mutuellement à ne pas intervenir dans les affaires intérieures de ce pays. »

    Le Protocole Japono-Coréen du 23 Février 1904 dit dans son Art. 3 : « le Gouvernement Impérial du Japon garantit d’une façon expresse l’Indépendance et l’intégrité territoriale de l’Empire Coréen. »