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Exposé des Revendications du Peuple Coréen en vue de sa Libération du Joug Japonais et pour le Rétablissement de la Corée comme État Indépendant.

I


Les Revendications de la Corée.

La Nation et le Peuple Coréens ont l’honneur de soumettre cette pétition à la Conférence de la Paix pour que soit déclaré Nul et Non Avenu le Traité du 22 Août 1910[1], attendu qu’Un seul Coréen — alors l’Empereur de Corée — fut obligé, sous la coercition japonaise, de livrer « complètement et d’une façon permanente, à S. M. l’Empereur du Japon, tous ses droits de Souveraineté sur toute la Corée », ainsi qu’une population de plus de 15 millions d’individus.

La présente pétition est de la compétence absolue de la Conférence de la Paix.

La Conférence s’est précisément réunie en vue de résoudre les litiges pendants devant la Communauté Internationale et en application des Quatorze Articles de M. le Président Wilson, dont le principe fondamental fut nettement défini par le Président lui-même, dans son Message au Congrès, le 8 janvier 1918 : « Le principe de Justice envers tous les peuples et toutes les nationalités et leur droit de vivre sur un pied d’égalité, de liberté et de sauvegarde les uns vis-à-vis des autres, quels qu’ils soient, forts ou faibles. »

En sa qualité d’Allié et d’État Associé, le Japon a expressément souscrit à ces Quatorze Articles basés sur le principe de Justice, qui doivent servir de base et de structure à la Justice Internationale qui sera établie par la Conférence de la Paix.

En conséquence, ce principe de justice est absolument violé par l’Empereur du Japon, quand il exerce d’une façon continue « tous ses droits de Souveraineté sur la Corée toute entière », et cela sans le consentement et même contre le vœu de la Nation et du peuple Coréens. Il est donc du ressort et du devoir de la Conférence de la Paix de déclarer la nullité du sus-dit Traité du 22 Août 1910.

II


4.200 ans d’Histoire Nationale.

Le peuple Coréen formait une Nation ayant sa propre langue et une civilisation toute nationale des plus développées bien avant que le Japon ne fût sorti lui-même de l’état barbare. Le Japon est redevable, aussi bien à la Corée qu’à la Chine — cette autre vieille civilisation qui, elle aussi, reçoit actuellement les terribles assauts de ce même Japon — de leur culture, du développement de leurs pensées et de leur idéal, qui ont contribué à la formation de son esprit et qui l’ont conduit à la prospérité.

La Nation Coréenne était vieille de plus de 4.200 ans, lorsque le Japon a accompli son Œuvre en Corée par le Traité du 22 août 1910. Et, sauf durant une courte période où sa liberté fut compromise, elle a toujours vécu pendant ces 42 siècles en Nation libre et indépendante, et formait un État nettement séparé et délimité en Extrême-Asie.

III


L’Indépendance de la Corée.

La continuelle existence de la Corée comme État libre et Souverain fut affirmée et reconnue par le « Traité de Paix et d’Amitié » conclu entre les Gouvernements de Corée et du Japon, à Séoul, le 27 février 1876.

  1. Voir Appendice No 1.